Publié dans Editorial

La gâchette facile ?

Publié le jeudi, 27 août 2020

Coup de tonnerre à Farafangana ! La vieille prison de la ville fut le théâtre d’une mutinerie meurtrière  le  23 août. Mutins et gardes pénitentiaires s’affrontèrent mortellement. Les « pensionnaires » ont réussi à prendre le large. Le bilan est lourd : 23 morts et une quarantaine de blessés dont certains graves et des disparus.
Du coup, l’ »évènement » défraie les chroniques locales et internationales. La presse française ne rate point l’occasion d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur ce qu’on pourrait appeler des « débordements » à Madagasikara. Elle ne laisse pas passer gratuitement toutes les occasions pour salir l’image de la Grande île. Un pays qui ose défier la  toute-puissance de la mère-patrie dans l’océan Indien à propos des îles Malagasy dites « Iles Eparses ». Un pays qui se vante de réussir à mettre sur point un remède contre la pandémie de Covid-19, un crime de lèse-majesté à l’encontre des grands laboratoires pharmaceutiques occidentaux. Les représailles s’organisent. Madagasikara est exclu de la liste des pays pouvant franchir le territoire Schengen.  Le pays se dirige vers la sortie de ce long tunnel de la pandémie et cela grâce notamment au Covid-Organics. Mais la presse française ignore royalement  « l’exploit ». Elle ne s’intéresse qu’aux éventuels faux bonds  du régime.
La Société civile monte au créneau, dénonce à ce qu’elle qualifie de « tuerie » à Farafangana et exige la mise en place d’une commission d’enquêtes indépendante. Les détracteurs du régime se réjouissent discrètement et se frottent les mains. Ils s’attendent discrètement à des retombées négatives contre le régime.
Farafangana, au pays des Antefasy, dans le Sud-est malagasy, regorge en richesses naturelles des espèces florales et fauniques. La Maison centrale de la ville date de la période coloniale. Elle n’a jamais subi de grandes réparations. Prévue pour contenir 80 personnes au maximum, elle abrite au moins 300 individus pour la plupart des cas non jugés. Les « pensionnaires » se plaignent depuis toujours des conditions inhumaines de la détention.
Le cas qui s’était produit dans la prison de Farafangana n’est que le reflet du profond malaise qui mine le milieu carcéral malagasy. Vétustés des bâtiments, surpopulation inacceptable au sein desquels toutes les maladies transmissibles et virales font la loi. A ce triste tableau s’ajoute le règne de la corruption. La révolte des prisonniers coule de source.
Les gardes pénitentiaires et les Forces de l’ordre venues en renfort ont-elles eu vraiment la  gâchette facile ? Certaines sources font état de l’usage d’armes à feu du côté des mutins. Au cas où ces informations sont avérées, l’hypothèse d’une légitime défense tient route. A noter que la circulation parallèle d’armes à feu dans le pays relève d’une banalité depuis un certain temps.
De toute manière, il est grand temps que l’on se penche sérieusement sur le cas du monde carcéral à Madagasikara. Des voix s’élèvent régulièrement sur les anomalies flagrantes dans nos prisons. Des infrastructures inadaptées, une surpopulation qui dépasse l’entendement, le règne de la corruption inédit, etc.
Le Chef de l’Etat, lors de sa visite inopinée à Antanimora, le 31 octobre 2019, a déjà crevé les abcès. A cette occasion, il annonçait un train de mesures à prendre. Où en est-on ? Il appartient aux responsables directs d’assumer leurs charges. 
Ndrianaivo

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Editorial

  • Soixante jours !
    Les deux semaines qui ont vu la présentation des membres du nouveau Gouvernement, sous la houlette du Premier ministre, chef du Gouvernement Herintsalama Andriamasy Rajaonarivelo, arrivent bientôt à leur fin. Onze jours se sont écoulés, il reste quarante neuf jours des soixante jours, temps imparti dicté par le président de la Refondation, colonel Michaël Randrianirina, lors de son discours d’installation dudit Gouvernement le 28 octobre 2025 au palais d’Etat d’Iavoloha. En effet, le Chef de l’Etat Randrianirina a donné, d’un ton ferme, soixante jours francs aux nouveaux membres du Gouvernement de faire leurs preuves, de quels bois ils brûlent, selon une certaine expression ! Le Président de la Refondation de la République se démarque du sentier battu en réduisant la « période de grâce » ou « d’essai » à 60 jours au lieu de 100 traditionnellement appliquée. L’origine des « Cent jours » remonte à l’Empire, phase de l’Histoire…

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